Des ruches connectées à l’ENSISA

Saviez-vous qu’une ruche peut contenir pas moins de 100 000 abeilles l’été alors qu’il n’y en a que 15 000 en hiver ? Ou encore, qu’une abeille ouvrière ne vit que 40 jours ? Et plus surprenant encore, saviez-vous que l’ENSISA possède cinq ruches ? Pour répondre à toutes ces questions et ainsi connaître les projets liés aux ruches connectées, rencontre avec Raphaël Dupuis, enseignant-chercheur à l’ENSISA et apiculteur amateur.

 

 

Pourquoi choisir les ruches connectées comme véhicule d’enseignement ?

« Je travaille essentiellement autour des questions d’automatisme et de mesure. L’apiculture est également partie prenante dans ma vie puisque je possède plusieurs ruches personnelles. En tant qu’enseignant et apiculteur, je voulais faire cohabiter les élèves-ingénieurs et les abeilles. Partager ce que je fais autour des ruches tout en intégrant l’aspect apiculture est également une passion, qui me permet de sensibiliser les étudiants à la nature, l’environnement, le travail avec des êtres vivants etc. En discutant avec des connaissances dans des universités ou écoles partenaires qui avaient mis en place des dispositifs similaires, je me suis lancé ! »

 

 

 

Comment s’est construit le projet ?

« L’idée du projet à la base est de s’intégrer à la politique de Développement Durable et Responsabilité Sociétale (DDRS) mise en place sur le campus. L’objectif est de participer à notre échelle à l’effort commun pour l’environnement et le climat. Les abeilles sont les sentinelles de l’environnement ! Aussi, nos étudiants travaillent sur des objets connectés ou font des mesures au quotidien. L’idée est de proposer une station de mesure plus ludique, associée à un projet engagé. Avoir des données, les exploiter, travailler ces données. Cette station de mesure permet aux étudiants de pouvoir être acteur sur un projet plus global de par la sensibilité de chacun. Pour nous lancer, nous avons fait appel à l’ENSISA qui a tout de suite compris le potentiel pédagogique et responsable du projet et aussi l’Université de Haute-Alsace qui en a financé une partie. En 2018-2019, un enclos a été installé à côté du bâtiment I de l’école. 2 ruches ont été installées, pour lesquelles j’ai fourni des colonies provenant de mes ruches personnelles. C’est à ce moment que nous avons pu lancer les premiers projets. »

 

 

Quel est l’intérêt pour les élèves-ingénieurs ?

« Depuis maintenant deux ans que les ruches sont installées, l’école a connu 7-8 projets étudiants. Ils travaillent sur différents aspects : mesures de poids et températures, mesure de la vibration à l’intérieur de la ruche, déplacement des abeilles dans la ruche, le comptage en entrée/sortie. De base nous avons acquis des ruches classiques, l’équipe pédagogique et les étudiants font les installations de capteurs, d’outils etc. Je veille à la santé des abeilles qui pour moi est primordiale et j’assure aussi l’encadrement des projets. Les étudiants s’impliquent énormément car les projets sont en temps réel, l’implication et l’impact sont directs, ils sont très sensibles à ces projets ludiques qui les raccrochent au réel.
Les projets sont réalisés avec plus ou moins de succès chaque année. Les élèves s’en sortent bien car ils aiment se challenger, découvrir l’apiculture. Plus globalement les collègues de l’école sont surpris et s’intéressent également aux ruches. On me demande souvent des nouvelles des abeilles : c’est un peu un le bébé commun de l’ENSISA. L’objectif est que les données collectées au fur et à mesure des années soient mises en accès libre et accessible à tous. »

 

 

Des pots de miel pour l’ensemble des personnels de l’ENSISA !

« 2020 est marquée comme la première année de récolte du miel de l’ENSISA avec environ 15-17kg de miel sur deux ruches en production. L’objectif est également de laisser du miel dans la ruche pour que les abeilles passent l’hiver correctement. Pour expliquer tout ça quelques mots : il faut déjà remonter à la veille de la récolte où l’on met un chasse abeille et on isole la colonie du miel. Le lendemain on prend la hausse où il y a le miel et on l’emmène dans la miellerie pour désoperculer le miel afin de mettre les cadres dans une centrifugeuse. Le miel est mis dans un fut en inox pour le laisser maturer une quinzaine de jour, les impuretés remontent à la surface. Puis vient enfin la phase de mise en pot. L’étiquetage est soumis à des réglementation : la personne qui a récolté, son origine (FR, UE, hors UE), son poids, droit de vente ou non, date limite d’utilisation optimale (même si le miel se conserve à vie). Le miel peut être filtré ou non, celui de l’école ne l’est pas pour conserver des morceaux de pollen et éviter de perdre certaines propriétés bonnes pour la santé. Le miel peut donc avoir tendance à cristalliser. Les étiquettes ont été conçues par Manon Dargent de la Direction du Numérique, qui a proposé plusieurs graphismes d’étiquettes aux couleurs de l’ENSISA avec des formes hexagonales pour représenter la ruche et le miel. Elles sont collées à la colle bio, ce qui permet de décoller facilement l’étiquette et de pouvoir réutiliser le pot. Comme nous avons pu récolter quelques kilos, des pots de 125gr vont être distribués aux enseignants, personnels administratifs et techniques de l’école. »